Nombreuses sont les personnes à avoir toujours des symptômes handicapants alors qu’elles ont été atteintes du virus il y a plus de six mois. Les pouvoirs publics commencent tout juste à s’intéresser à ces patients qui n’ont pas récupéré la forme qu’ils avaient auparavant. Cela prend du temps, beaucoup trop de temps…
« Nous sommes tous seuls, mais ça commence enfin à bouger »
Touchés par la Covid en Mars, des français expliquent sur Twitter qu’ils n’ont toujours pas récupérés, que les médecins sont perdus et qu’ils sont seuls. Nous avons interrogés Margot Balmont, une jeune femme de 30 ans qui n’a aucun antécédent médical. Pourtant, sa vie a bien changé. Elle n’est que l’ombre d’elle-même selon ses propres mots…
Quand avez-vous appris que vous aviez la Covid ?
En Mars, quand nous avons tous été confinés. J’ai eu l’ensemble des symptômes, une toux sèche, des difficultés respiratoires et de la fatigue. Cependant, mon état ne nécessitait pas d’hospitalisation. Je suis donc resté à la maison en attendant que ça passe. A l’époque, le docteur que j’ai vu m’avait juste donné du Doliprane. Aujourd’hui, même si il y a quelquefois du mieux, je souffre toujours. Cela dépend des jours. Pour tout vous dire, c’est une surprise à chaque réveil. D’ailleurs, avant de me coucher, je me demande toujours quels symptômes je vais devoir affronter le lendemain. C’est devenu un jeu avec mon conjoint…
De quoi vous souffrez ?
Depuis 6 mois, j’ai des douleurs articulaires aux genoux, aux mains ainsi qu’au niveau des cervicales. J’ai aussi des problèmes intestinaux, de concentration et bien d’autres choses. Ca serait trop long de tout vous dire, mais les symptômes viennent et reviennent avec violence. Un jour, je vais avoir des problèmes avec mes articulations et de la diarrhée. Un autre jour, ça sera une faiblesse musculaire et une grosse fatigue. Quelquefois, c’est tout en même temps. Quand c’est le cas, j’ai l’impression que je vais mourir…
Comment avez-vous été reçus par les médecins ? Sont-ils à l’écoute ?
Une grande partie des médecins ne comprennent pas. Je me balade de service en service depuis plus de trois mois. J’ai passé tout un tas d’examens (Fibroscopie, echo abdominale etc.). Certains essayent de comprendre le mal qui m’habite, mais d’autres sont nonchalants et me prennent de haut. J’ai rencontré un médecin généraliste pendant le mois de juin qui m’a dit que c’était dans ma tête et qui m’a prescrit des anti-dépresseurs. Un autre m’a presque dit que j’étais une menteuse. Je ne suis pas la seule à avoir supporter ce déni. Sur les hashtags des covid longs, d’autres ont vécu cette expérience. C’est horrible à vivre ! On a l’impression d’être des détraqués. Psychologiquement, c’est d’une violence inouïe d’être malade et de n’avoir personne pour s’occuper de nous.
Vous êtes toujours malade aujourd’hui ?
Oui, mais j’ai rencontré enfin un médecin à l’écoute. J’ai toujours des douleurs articulaires, mais elles sont atténuées par de l’Aspégic . Sur le plan moral, ça va aussi beaucoup mieux car de plus en plus de médias, de chercheurs parlent de nous. Ca fait un bien fou ! Vous ne pouvez pas imaginer. A une époque pas si lointaine, j’ai cru devenir folle…
Que souhaitez-vous pour le futur ?
Guérir… Je veux aussi témoigner pour permettre aux gens atteints du même mal que moi de ne pas ressentir la solitude que j’ai eu au mois de Mars. Je veux aussi que le covid long soit enfin reconnu par l’ensemble des professionnels qui travaillent dans le médical. Nous ne sommes pas des hypocondriaques et en 2021, il serait grand temps d’accélérer notre prise en charge…
C’est une tragédie ce qu’il se passe et personne n’en parle quasiment. Nous avons que le nombre de morts à la bouche alors que nous devrions aussi penser à ces nouveaux malades. Certains d’entre eux développent des atteintes rénales, au foie et bien d’autres choses. Que vont ils devenir quand tout sera terminé ? On ne sort pas indemne d’une telle infection surtout si elle dure longtemps.