Le séisme de magnitude 8,8 qui a frappé l’extrême-orient russe ce 30 juillet 2025, déclenchant des alertes au tsunami dans tout le bassin pacifique, relance une inquiétude en France : le littoral français pourrait-il un jour être frappé par une vague géante ? Cette question, souvent reléguée à la fiction, prend une dimension plus concrète à la lumière de ce nouvel événement sismique majeur.

Alors que des sirènes retentissent au Japon, en Alaska ou aux Philippines, les experts français rappellent que la France n’est pas totalement à l’abri. Certains événements passés et données géologiques le prouvent.
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Lorsqu’on évoque les tsunamis, on pense souvent au Japon, à l’Indonésie ou au Chili. Pourtant, le littoral français n’est pas totalement à l’abri. Des scientifiques alertent régulièrement sur des risques méconnus qui pourraient, dans certaines conditions, provoquer une vague géante en Méditerranée ou sur la façade Atlantique.
Des précédents historiques inquiétants
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, des tsunamis ont déjà frappé la France. L’un des plus connus remonte au 16e siècle : en 1580, un tremblement de terre dans le golfe de Gascogne provoque un raz-de-marée qui atteint la côte basque.
Plus récemment, le 16 octobre 1979, un glissement de terrain sous-marin au large de Nice déclenche une vague de près de 3 mètres qui inonde une partie de la promenade des Anglais et fait plusieurs victimes. Cet épisode reste encore aujourd’hui une référence dans les études sur le risque tsunamique en Méditerranée.
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Pourquoi la France n’est pas totalement épargnée
La France est certes située loin des grandes zones sismiques comme la ceinture de feu du Pacifique, mais certaines régions restent exposées à des phénomènes pouvant déclencher un tsunami. En particulier :
- La Méditerranée, notamment autour de la faille entre l’Afrique et l’Eurasie.
- Le golfe de Gascogne, en cas de séisme offshore.
- Les Antilles et la Réunion, plus exposées car situées en zones de subduction.
Selon une étude publiée par le Centre d’Alerte aux Tsunamis de l’UNESCO, la Méditerranée concentre 10 % des tsunamis enregistrés dans le monde. En 2003, un séisme au large de Boumerdès (Algérie) a généré une vague de 1 mètre qui a atteint la côte française quelques heures plus tard.
Un risque sous-estimé par la population
Pourtant, en France, la conscience du risque reste faible. « Les gens pensent que c’est impossible ici, alors qu’on a des preuves historiques », déplore Claire, 44 ans, géologue à Aix-en-Provence. « La Méditerranée est une mer fermée, donc les tsunamis peuvent y être particulièrement violents car l’énergie est moins dispersée. »
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Un rapport de 2021 de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a aussi révélé que certains sites industriels situés en zone littorale ne sont pas préparés à une submersion rapide.
Existe-t-il un système d’alerte en France ?
Depuis 2012, la France dispose d’un dispositif baptisé CENALT (Centre d’Alerte aux Tsunamis), basé à Bruyères-le-Châtel. Il analyse en temps réel les séismes sous-marins dans la zone Méditerranée-Atlantique et peut émettre une alerte en quelques minutes.
Mais les délais sont souvent très courts. « Entre un séisme sous-marin au large de la Corse et l’arrivée d’une vague, il peut s’écouler à peine 20 à 30 minutes », explique Matthieu, ingénieur au CENALT. « C’est peu pour organiser une évacuation dans des zones denses comme Marseille ou Nice. »
La sensibilisation reste donc clé, tout comme la préparation des communes. Des exercices sont menés chaque année, mais peu relayés dans les médias.
Quelles zones seraient les plus vulnérables ?
Les experts identifient plusieurs zones à risque :
- La Côte d’Azur : très urbanisée, peu de zones en hauteur accessibles rapidement.
- La Corse orientale : proche de failles actives en mer Tyrrhénienne.
- Le Pays basque : exposition potentielle à un séisme au large de la Galice ou du golfe de Gascogne.
« À Marseille, certaines plages sont enclavées. Si une alerte était déclenchée, je ne sais pas comment on pourrait réagir à temps », confie Jérôme, maître-nageur.
Le changement climatique peut-il aggraver le phénomène ?
Bien que le réchauffement climatique ne soit pas directement lié aux tsunamis, il pourrait renforcer les effets des vagues géantes. La montée du niveau de la mer augmente mécaniquement le risque de submersion et rend les zones basses encore plus vulnérables.
Par ailleurs, le recul du pergélisol dans certaines zones pourrait provoquer des glissements de terrain sous-marins à l’origine de mini-tsunamis dans des lacs ou fjords — un phénomène déjà observé en Alaska ou en Norvège.