Une mauvaise hygiène intime pourrait, à long terme, favoriser des inflammations chroniques augmentant le risque de cancer colorectal. Les médecins rappellent que certaines zones du corps, souvent oubliées, méritent une attention particulière.

Le cancer du côlon, deuxième cause de mortalité par cancer en France, est en partie lié à des facteurs de mode de vie : alimentation, sédentarité, tabac, mais aussi hygiène. Une étude récente attire l’attention sur l’importance de bien nettoyer la zone anale et périnéale. Négligée par certains, cette partie du corps joue pourtant un rôle essentiel dans la prévention des irritations, infections et inflammations chroniques susceptibles d’évoluer en pathologies plus graves.
Hygiène intime et risques de santé
Les gastro-entérologues expliquent que l’accumulation de bactéries pathogènes autour de l’anus peut entraîner des irritations, des micro-inflammations et des désordres digestifs. Si ces déséquilibres persistent, ils peuvent fragiliser la muqueuse intestinale et favoriser l’apparition de polypes, précurseurs du cancer colorectal. 🧬
« Nous voyons régulièrement des patients souffrir de démangeaisons ou de fissures chroniques, liées à une hygiène insuffisante », confie le Dr Stéphane Martin, proctologue à Lyon. « Dans certains cas, cela peut favoriser des inflammations de longue durée, qui constituent un terrain à risque. »
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Une habitude encore taboue
Si l’on parle souvent du brossage des dents ou du lavage des mains, le nettoyage de la zone anale reste un sujet tabou. Pourtant, dans de nombreuses cultures, il est considéré comme une étape indispensable. Dans les pays d’Asie ou du Moyen-Orient, par exemple, l’usage de l’eau après défécation est systématique. En Occident, le papier toilette reste majoritaire, mais il ne suffit pas toujours à garantir une propreté optimale.
Selon une enquête de l’Institut national du cancer, près d’1 Français sur 5 reconnaît ne pas prêter une attention régulière au lavage de cette zone, faute d’information ou par gêne. Ce manque de prévention contribue à maintenir le silence autour du sujet.
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Le rôle des inflammations chroniques
Le cancer du côlon ne se développe pas en quelques semaines. Il résulte souvent d’un processus long, marqué par des inflammations répétées. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, sont déjà connues pour augmenter le risque. Mais des inflammations locales, liées à une mauvaise hygiène, pourraient également contribuer à fragiliser cette zone sensible.
En clair : une hygiène intime insuffisante ne provoque pas directement un cancer, mais elle peut être un facteur aggravant dans un contexte où d’autres risques sont déjà présents (alimentation déséquilibrée, sédentarité, antécédents familiaux, etc.). 🍽️🏃♂️
Des conseils simples pour réduire les risques
- Privilégier le lavage à l’eau tiède après chaque passage aux toilettes, si possible, plutôt que l’usage exclusif du papier sec.
- Éviter les produits trop agressifs (gels parfumés, savons antibactériens), qui peuvent déséquilibrer la flore locale.
- Opter pour des sous-vêtements en coton, qui permettent une meilleure respiration de la peau.
- Consulter un médecin en cas de symptômes persistants : douleurs, saignements, démangeaisons ou troubles digestifs.
Témoignages et réactions
Julie, 42 ans, témoigne : « J’avais souvent des irritations, mais je n’osais pas en parler. Mon médecin m’a simplement conseillé de privilégier l’eau plutôt que le papier sec, et depuis, je n’ai plus de problème. »
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Pour Marc, 55 ans, diagnostiqué d’un cancer colorectal à un stade précoce, la prévention est cruciale : « J’ai compris trop tard que des petits signaux, comme des saignements ou des démangeaisons, ne doivent jamais être ignorés. Si j’avais consulté plus tôt, j’aurais évité bien des complications. »
Un enjeu de santé publique
Avec près de 43 000 nouveaux cas de cancer colorectal chaque année en France, les spécialistes insistent sur l’importance de sensibiliser la population à tous les facteurs de risque, même ceux dont on parle peu. L’hygiène anale, longtemps passée sous silence, s’impose désormais comme un sujet de prévention légitime. 🌍