Alors que des feux d’artifice illumineront le ciel ce soir dans toute la France, les vétérinaires et refuges se préparent, eux, à une nuit éprouvante. Chaque 13 et 14 juillet, des centaines d’animaux domestiques — en particulier des chiens et des chats — fuguent, paniquent ou développent des troubles anxieux. Un phénomène bien connu, mais encore trop souvent sous-estimé par les propriétaires.
“C’est un enfer, chaque année c’est la même chose”, confie Sandrine, 53 ans, bénévole dans un refuge à Redon (Ille-et-Vilaine). “Dès le 14 juillet au matin, on récupère des chiens trouvés errants, souvent blessés ou traumatisés. Certains mettent plusieurs jours à être identifiés ou récupérés par leur maître.”
Un stress physiologique intense
Le bruit des pétards et des feux d’artifice déclenche chez l’animal une réaction de peur comparable à celle d’un bombardement. “Les chiens entendent quatre à cinq fois plus fort que nous”, explique le vétérinaire brestois Thomas Guivarch. “Le moindre pétard devient pour eux une détonation violente, impossible à identifier. Leur instinct les pousse à fuir, se cacher ou aboyer sans fin.”
Les chats, eux, réagissent souvent par la fuite ou l’apathie. Les oiseaux de compagnie, plus rares, peuvent même souffrir d’arythmies ou de stress cardio-respiratoire. Des cas de décès sont régulièrement signalés chez les NAC (lapins, furets, cobayes), particulièrement sensibles aux détonations nocturnes.
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Témoignage : “Il a sauté par la fenêtre”
Mathieu, 28 ans, habitant à Saint-Brieuc, se souvient de la panique de son border collie, Taz, lors du feu du 13 juillet l’an dernier. “Il était seul à la maison. Le feu a commencé à 22h30, et à 23h, un voisin m’a appelé pour me dire que mon chien était dans la rue. Il avait sauté du balcon du 1er étage. Heureusement, pas de blessure grave, mais il était en état de choc.”
Depuis, Mathieu a pris ses précautions. “Je le garde avec moi, à l’intérieur, rideaux tirés, musique douce, et je lui donne un traitement calmant prescrit par le véto. Il est encore inquiet, mais au moins, il ne risque plus de fuguer.”
Que faire pour protéger son animal ce soir ?
Les professionnels de la santé animale recommandent une série de mesures simples mais efficaces :
- Ne jamais laisser l’animal seul dehors pendant la soirée du 13 juillet : même enclos, un chien peut creuser, sauter ou casser une barrière sous l’effet de la peur.
- Créer un cocon calme à l’intérieur : pièce fermée, rideaux tirés, fond sonore apaisant (radio, ventilateur).
- Prévoir un dispositif d’identification fiable : médaille à jour, puce électronique, voire GPS pour les animaux à risque.
- Anticiper avec un traitement vétérinaire pour les chiens très sensibles : phéromones, compléments naturels ou anxiolytiques sur ordonnance.
Certains maîtres utilisent également des “vestes de pression” ou harnais calmants, qui exercent une pression douce sur le corps de l’animal pour apaiser les tensions, à la manière d’une étreinte rassurante.
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Une responsabilité encore mal comprise
Malgré les alertes annuelles, beaucoup de propriétaires continuent de sous-estimer le stress provoqué par les feux. “Ils pensent que c’est une simple frayeur passagère, alors que les dégâts peuvent être durables”, souligne Thomas Guivarch. “Certains chiens développent une phobie des bruits, refusent ensuite de sortir la nuit, ou deviennent agressifs.”
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Les refuges, eux, lancent chaque année des campagnes de prévention, parfois relayées par les communes. Mais selon Sandrine, “les messages ne passent pas toujours. On retrouve chaque été les mêmes profils d’animaux perdus, apeurés, qui finissent en fourrière.”
En cette veille de Fête nationale, la vigilance s’impose donc autant pour les humains que pour leurs compagnons à quatre pattes. Une soirée magique pour les uns peut se transformer en cauchemar pour les autres. Et il suffit parfois d’un geste simple pour éviter la panique.