« Même Netflix est devenu un luxe » : les abonnements qui sautent en premier chez les foyers modestes

Internet, streaming, téléphonie mobile, assurance habitation, salle de sport… Aujourd’hui, les foyers modestes scrutent tous les postes de dépense, y compris ceux qui, il y a encore peu, paraissaient intouchables.

Homme regarde netflix

A cause de l’inflation, une tendance se confirme : de plus en plus de Français coupent dans leurs abonnements mensuels, à commencer par ceux liés aux loisirs

Le streaming, première victime des restrictions

Netflix, Prime Video, Disney+, Spotify, Deezer… Ces plateformes sont devenues omniprésentes dans la vie quotidienne. Pourtant, de nombreux utilisateurs font aujourd’hui marche arrière. “J’avais Netflix, Disney+ et Spotify, mais j’ai tout arrêté. Ça me faisait presque 40 euros par mois. Aujourd’hui, je garde juste YouTube gratuit avec un bloqueur de pub”, confie Emma, 28 ans, auxiliaire de vie à mi-temps à Limoges.

Selon une récente étude de l’observatoire Budget & Familles, 37 % des foyers modestes ont annulé au moins un abonnement numérique depuis janvier 2024. Les jeunes actifs, les mères célibataires et les retraités locataires sont les plus concernés.

Une stratégie de “désabonnement ciblé”

Certains adoptent une méthode plus flexible : s’abonner pour un mois, binge-watcher une série, puis se désabonner dans la foulée. “On ne peut pas suivre toutes les plateformes, alors on choisit selon les périodes. Quand il y a une série qui nous plaît, on prend pour 30 jours. Ensuite, on coupe tout.”, explique Yannis, père de deux enfants à Metz.

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Ce phénomène oblige même les plateformes à revoir leurs offres. Netflix a récemment resserré sa politique de partage de comptes, provoquant une vague d’annulations dans les foyers où plusieurs membres mutualisaient les frais.

Téléphonie, cloud, applications : d’autres victimes collatérales

La rationalisation ne s’arrête pas au streaming. Beaucoup se tournent vers des forfaits mobiles à moins de 10 € par mois, voire des offres sans data. “Avant, j’avais un forfait à 19,99 € avec 100 Go. Maintenant, j’ai 5 Go à 6,99 €. Je me connecte au Wi-Fi à la maison ou à la médiathèque, ça suffit”, témoigne Julien, étudiant boursier à Montpellier.

Certains renoncent même à des outils de confort numérique : espace de stockage payant dans le cloud, antivirus, applications premium, montres connectées… Chaque euro compte, surtout pour les personnes vivant avec moins de 1 200 € par mois.

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L’illusion des petits montants cumulés

Ce qui fait mal au budget, ce n’est pas toujours le gros achat, mais l’accumulation des “petits abonnements invisibles”. Une plateforme par-ci, une appli payante par-là… Au final, certains foyers déboursaient entre 60 et 100 euros par mois sans s’en rendre compte.

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“Je suis passée par un outil de gestion de budget, et j’ai halluciné. J’avais huit prélèvements mensuels de moins de 10 € dont je ne me souvenais même pas. Ça allait de l’assurance téléphone à une appli de méditation”, raconte Nadine, 43 ans, mère célibataire en contrat court à Angoulême.

De plus en plus de sites comme Placeronde.fr ou Radins.com conseillent désormais des outils d’analyse bancaire gratuits, comme Linxo, Bankin ou l’espace budget de certaines banques, pour détecter ces dépenses discrètes mais pesantes.

Quand le divertissement devient un luxe

Pour de nombreux foyers, se divertir, apprendre ou se détendre n’est plus une priorité… mais un choix économique difficile. Certains parents renoncent à Disney+ pour pouvoir garder le panier de courses équilibré. D’autres préfèrent emprunter des livres ou DVD à la bibliothèque municipale, voire troquer des codes promo entre amis pour accéder temporairement à une plateforme.

“Même Netflix est devenu un luxe. Je préfère garder l’argent pour remplir le frigo. Et puis on lit plus, on joue ensemble. Finalement, ça a changé nos habitudes”, conclut Céline, 37 ans, en emploi aidé dans la Nièvre.

Guillaume Her

Rédigé par Guillaume Her

Passionné par l’édition web et les découvertes.

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