Alors qu’ils venaient simplement faire le plein, plusieurs automobilistes se retrouvent avec des réparations coûteuses. En cause : du carburant souillé ou mélangé, distribué par mégarde dans certaines stations. Un phénomène plus fréquent qu’on ne le croit, et dont les victimes peinent souvent à obtenir réparation.
Le 3 juin dernier, Vanessa, 41 ans, habitante de Vannes, fait le plein de sa Clio diesel dans une station automatique d’une grande enseigne. “Dès le lendemain, le moteur a commencé à brouter, puis la voiture s’est arrêtée complètement.” Verdict du garagiste : carburant contaminé, pompe à injection à changer. Coût total : 1 850 €.
Vanessa pense d’abord à une panne classique. Mais en parlant autour d’elle, elle découvre que trois autres clients, passés à la même pompe, ont eu des soucis identiques. “C’est là qu’on a compris que ça venait du carburant.”
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Une erreur de cuve ou un carburant dégradé
Ce type d’incident est généralement dû à une erreur humaine ou à un défaut d’entretien des cuves. “Il peut arriver qu’on remplisse par erreur une cuve essence avec du gazole, ou l’inverse”, explique David Masson, technicien dans une entreprise de maintenance de stations-service. “Parfois aussi, l’eau de condensation s’accumule au fond des réservoirs, et n’est pas évacuée. Résultat : un carburant dilué ou pollué.”
Ces erreurs restent rares, mais elles ne sont pas exceptionnelles. Chaque année, plusieurs centaines de cas sont recensés en France, parfois avec des conséquences graves sur les véhicules modernes, très sensibles à la qualité du carburant. Les moteurs diesel, en particulier, peuvent subir des dommages irréversibles.
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Des recours possibles, mais complexes
Lorsqu’un carburant est incriminé, les conducteurs doivent agir vite. Le premier réflexe est de conserver le ticket de paiement et de faire constater les dégâts par un professionnel, qui pourra identifier la présence de résidus, d’eau ou d’un mauvais mélange dans le système d’alimentation.
Ensuite, il faut adresser une réclamation au service client de la station concernée, en joignant un devis ou une facture de réparation, ainsi qu’un rapport technique si possible. Une analyse du carburant peut être demandée, mais elle reste difficile à obtenir sans expertise indépendante.
“Dans mon cas, la station a d’abord nié toute responsabilité”, raconte Vanessa. “Mais comme on était plusieurs à témoigner, ils ont fini par accepter de prendre en charge une partie des réparations.”
En cas de refus d’indemnisation, un dépôt de plainte ou une procédure auprès du médiateur de l’énergie ou d’une association de consommateurs peut être envisagé. “Il ne faut jamais abandonner trop vite”, insiste Maître Caron, avocat spécialisé en droit de la consommation. “Même sans preuve directe, la répétition des cas et la chronologie des pannes peuvent faire foi.”
Comment se protéger ?
Pour limiter les risques, quelques réflexes simples peuvent être utiles :
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- Faire le plein de préférence dans des stations bien entretenues, idéalement rattachées à de grandes enseignes connues ;
- Éviter de faire le plein juste après le passage du camion-citerne (le remplissage brasse les dépôts) ;
- Garder systématiquement les tickets d’achat, même pour les petits pleins ;
- En cas de doute (moteur qui tousse, voyant moteur, démarrage difficile), faire vérifier immédiatement le carburant avant de trop rouler.
Pour les conducteurs victimes de carburant pollué, la mésaventure est non seulement coûteuse, mais aussi frustrante. “On paie pour un produit censé être contrôlé, et c’est nous qui devons prouver qu’il a été mal délivré”, conclut Vanessa. “On se sent seuls, face à un mur.”
Face à ces situations, une meilleure traçabilité des livraisons de carburant et une obligation d’information en cas d’incident technique pourraient, à l’avenir, renforcer la sécurité des usagers. En attendant, prudence et vigilance restent les meilleures protections contre ces pannes invisibles, mais bien réelles.