« Je pensais que c’était le stress » : ce symptôme banal cache parfois un cancer du foie

Fatigue incessante, nausées le matin, perte de poids… Ces signes anodins sont parfois les premiers à révéler une maladie grave. En France, le cancer du foie reste l’un des plus difficiles à diagnostiquer précocement. La faute à des symptômes souvent attribués à des troubles digestifs ou au stress du quotidien.

Un médecin consulte le foie d'un patient

Un cancer encore trop souvent détecté tard

Chaque année, plus de 11 000 nouveaux cas de cancer du foie sont diagnostiqués en France. Ce chiffre, en hausse régulière depuis vingt ans, cache une réalité préoccupante : la plupart des patients découvrent leur maladie à un stade avancé, parfois trop tard pour bénéficier d’un traitement curatif.

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Le problème vient du fait que les signes d’alerte sont discrets. Il ne s’agit pas de douleurs violentes ou de symptômes spectaculaires, mais plutôt de signaux diffus : fatigue persistante, sensation de lourdeur, perte de poids inexpliquée, parfois de simples troubles digestifs. Des manifestations que l’on relie rapidement à une période chargée, à une mauvaise alimentation, ou à un état de stress passager.

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« Je me sentais simplement épuisée »

Julie, 41 ans, vit à Metz. Assistante commerciale, elle enchaînait les journées à rallonge depuis plusieurs mois. « J’avais des nausées le matin, je me sentais lourde l’après-midi, je mettais tout sur le compte du boulot. Je pensais que je faisais un petit burn-out », raconte-t-elle. Son médecin traitant lui prescrit alors du repos et quelques analyses sanguines de routine. C’est là que le bilan hépatique revient anormalement élevé. Deux semaines plus tard, un scanner révèle une tumeur au foie.

« J’étais sidérée. Je ne bois pas, je ne fume pas, je mange correctement. J’ai appris qu’un cancer du foie peut se développer sans facteur de risque évident », explique-t-elle. Elle a aujourd’hui entamé un protocole de soins, avec de l’immunothérapie et des séances régulières de suivi.

Le rôle souvent ignoré du foie

Le foie est un organe vital, chargé de filtrer les toxines, de produire certaines enzymes digestives, et de réguler de nombreuses fonctions métaboliques. Pourtant, c’est aussi l’un des organes les plus silencieux. Il peut être attaqué en profondeur sans envoyer de signe clair, contrairement à d’autres organes comme l’estomac ou les reins.

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« C’est un organe qui ne se plaint pas », nous confirme un hépatologue au CHU de Toulouse. « On voit des patients arriver avec un foie à moitié détruit, sans qu’ils n’aient ressenti de douleur significative. C’est pourquoi les bilans hépatiques réguliers sont essentiels chez les personnes à risque. »

Des signaux à ne pas négliger

Les spécialistes insistent sur certains signes qu’il faut surveiller :

  • Fatigue chronique sans cause identifiable
  • Perte d’appétit ou écœurement pour des aliments gras
  • Sensation de pesanteur sous les côtes droites
  • Jaunissement de la peau ou des yeux (ictère)
  • Urines foncées ou selles décolorées

À cela s’ajoute une perte de poids inexpliquée, ou un ventre qui gonfle anormalement. Des examens simples peuvent alerter : une prise de sang (dosage des transaminases, gamma-GT, bilirubine) ou une échographie hépatique permettent souvent d’évaluer l’état du foie.

Des profils à risque sous-évalués

Les personnes souffrant d’hépatites chroniques (B ou C), de cirrhose ou d’une consommation excessive d’alcool sont les plus exposées. Mais les cas de cancer du foie non alcooliques sont en forte hausse, en lien notamment avec la stéatose hépatique (ou « foie gras ») due à une alimentation trop riche et à la sédentarité.

Marc, 53 ans, ancien cadre commercial, a été diagnostiqué il y a trois ans. « J’étais en surpoids, mais rien d’alarmant. Je buvais un verre de vin de temps en temps, pas plus. C’est un check-up médical qui a révélé une masse. Sans ça, je ne me serais jamais douté de rien », confie-t-il.

Un dépistage encore trop rare

En France, aucun dépistage systématique du cancer du foie n’est proposé à la population. Les hépatologues plaident pourtant pour une meilleure prévention : contrôles plus fréquents chez les personnes à risques, campagnes d’information sur les signes à surveiller, et meilleure formation des médecins généralistes.

« On a encore trop d’idées reçues : on pense que le foie ne tombe malade que chez les gros buveurs. C’est faux. Le mode de vie, les maladies métaboliques, les antécédents familiaux sont tout aussi importants », martèle le professeur Dahan.

Guillaume Her

Rédigé par Guillaume Her

Passionné par l’édition web et les découvertes.

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