Depuis le début de l’année, plusieurs milliers d’automobilistes affirment avoir reçu des contraventions injustifiées. Entre plaques mal lues, voitures confondues et anomalies techniques, les radars automatiques, bien qu’efficaces, génèrent aussi des erreurs… parfois coûteuses.
Début juillet, Thomas, 52 ans, cadre à Metz, reçoit un avis de contravention pour excès de vitesse à 86 km/h au lieu de 70. “Le problème ? Ce jour-là, ma voiture était stationnée dans le garage, et je travaillais à domicile. J’ai regardé la photo sur le site de l’ANTAI, et j’ai tout de suite vu que ce n’était pas ma voiture : même plaque, mais un autre modèle.”
En cause : une erreur de lecture du radar, ou plus précisément du logiciel de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation (LAPI). De nuit, sous la pluie, ou avec une plaque sale ou abîmée, le système peut confondre certaines lettres ou chiffres. Résultat : le PV est adressé au mauvais propriétaire.
Un système performant… mais pas infaillible
En 2023, plus de 12 millions d’avis de contravention ont été émis par des radars automatiques en France. La grande majorité sont justifiés. Mais même avec un taux d’erreur inférieur à 1 %, cela représente plusieurs dizaines de milliers de PV litigieux par an.
“La lecture automatique n’est pas parfaite”, reconnaît un agent du Centre national de traitement (CNT) de Rennes. “Parfois, la caméra lit un ‘B’ à la place d’un ‘8’, ou un ‘O’ pour un ‘0’. Ce sont des erreurs rares, mais elles existent.”
Les radars discriminants, installés principalement sur les grands axes, sont censés photographier à la fois l’avant et l’arrière du véhicule, et détecter le type de véhicule (voiture, poids lourd, moto). Mais en pratique, toutes les zones ne sont pas encore équipées de cette technologie.
Témoignage : “Je ne me suis pas défendu tout de suite, j’ai payé par réflexe”
Julie, 38 ans, aide-soignante à Albi, regrette de ne pas avoir vérifié son avis de contravention plus tôt. “J’ai reçu un PV pour feu rouge grillé. J’étais persuadée que c’était moi, alors j’ai payé. Mais quelques jours plus tard, en rangeant mes papiers, j’ai vu que ma voiture était au garage ce jour-là.”
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En consultant la photo de l’infraction, elle découvre qu’il s’agit d’un véhicule très similaire, mais pas le sien. “Je n’avais même pas vu la photo en ligne. Trop tard, j’avais déjà payé.”
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Que faire en cas d’erreur ?
Lorsqu’un doute existe sur l’origine de l’infraction, il ne faut jamais payer trop vite. Voici les étapes à suivre :
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- Consulter immédiatement la photo en ligne, via le site de l’ANTAI (avis de contravention + numéro d’immatriculation requis) ;
- Comparer attentivement le modèle du véhicule, les autocollants, les jantes, ou tout autre détail visible ;
- Si l’erreur est manifeste, remplir un formulaire de requête en exonération (joint au courrier) en cochant “véhicule non concerné” ;
- Joindre tout justificatif utile : attestation d’un garagiste, preuve de présence ailleurs, photo de son propre véhicule.
La contestation doit être envoyée en recommandé avec accusé de réception au CNT. En cas de rejet injustifié, un recours peut être déposé devant le tribunal de police, avec possibilité d’être représenté sans avocat.
Des recours parfois longs… mais utiles
La bonne nouvelle : lorsqu’une erreur est reconnue, le PV est annulé sans frais, et les points ne sont pas retirés. Mais la procédure peut prendre plusieurs semaines, voire quelques mois. “C’est long, mais c’est la seule façon de corriger une erreur du système”, conclut Thomas. “Et surtout, ça évite d’avoir un retrait de points injustifié sur le permis.”
Pour les automobilistes, la vigilance est donc indispensable. Car même automatisée, la verbalisation n’est pas à l’abri d’erreurs humaines… ou numériques.