Guerre entre l’Inde et le Pakistan : Une opportunité pour la France ?

Le conflit entre l’Inde et le Pakistan est l’un des plus anciens et des plus instables de la planète. Chaque crise, comme celle d’avril-mai 2025, rappelle à quel point la paix y est fragile. Pour la France, ce climat de tension représente une opportunité commerciale, industrielle et diplomatique, mais aussi une ligne rouge stratégique à ne pas franchir.

Le 22 avril 2025, une attaque terroriste meurtrière frappe la ville de Pahalgam, dans le Cachemire indien, faisant 26 morts parmi les touristes. L’Inde accuse rapidement le groupe The Resistance Front, lié au Lashkar-e-Taiba, organisation djihadiste opérant depuis le Pakistan. Cette attaque ravive brutalement une rivalité historique et explosive entre deux puissances nucléaires : l’Inde et le Pakistan.

Moins de deux semaines plus tard, l’Inde lance une opération militaire baptisée “Sindoor”, visant neuf sites présentés comme des camps d’entraînement terroristes au Pakistan et au Cachemire sous contrôle pakistanais. Les frappes font au moins 26 morts, dont plusieurs civils. Le Pakistan réplique par la force : plusieurs avions indiens sont abattus, et des tirs d’artillerie sont échangés le long de la ligne de contrôle.

Une rivalité persistante

Depuis leur indépendance en 1947, l’Inde et le Pakistan se sont affrontés dans trois guerres ouvertes et un conflit localisé à Kargil en 1999. Le Cachemire reste le point névralgique de leur opposition. Cette région majoritairement musulmane est revendiquée par les deux pays. Chaque flambée de violence, comme celle de Pulwama en 2019 ou celle d’aujourd’hui, relance la menace d’un conflit plus large.

En 2025, cette nouvelle crise prend une ampleur diplomatique inquiétante. Les deux États suspendent des accords bilatéraux clés, comme le traité de partage des eaux de l’Indus et l’accord de Simla de 1972, qui encadrait leurs relations post-guerre. La tension militaire est à son paroxysme depuis deux décennies, et la communauté internationale – Chine, États-Unis, ONU – appelle à la désescalade.

L’Inde muscle sa défense… avec la France

Dans ce contexte instable, l’Inde renforce sa posture militaire. Elle modernise son arsenal pour se prémunir de futures attaques. Parmi ses partenaires stratégiques, la France joue un rôle de premier plan.

Le 28 avril 2025, le gouvernement indien signe un nouvel accord avec Dassault Aviation pour l’achat de 26 Rafale Marine, des chasseurs destinés à équiper ses porte-avions. Cette commande s’ajoute aux 36 Rafale livrés entre 2020 et 2022, qui ont été rapidement intégrés dans les escadrilles de l’armée de l’air indienne, notamment dans des zones proches du Pakistan.

Le contrat ne se limite pas aux avions : il inclut également des missiles air-air, un soutien logistique, des simulateurs de vol, et un volet de coopération industrielle avec le secteur aéronautique indien.

Une chance stratégique pour la France

Ce partenariat militaire avec l’Inde offre à la France des retombées économiques et diplomatiques majeures. Premier avantage : il soutient l’industrie française de défense. Chaque vente de Rafale génère des milliers d’emplois directs et indirects, notamment chez Dassault, Safran, Thales et MBDA. À une époque où la guerre en Ukraine et les tensions mondiales relancent les dépenses militaires, ces contrats sécurisent une trajectoire industrielle solide pour la France.

Deuxième atout : la présence stratégique. En devenant un fournisseur clé de l’armée indienne, la France s’implante durablement en Asie du Sud. Elle renforce ses liens dans une région dominée par l’influence chinoise et bénéficie d’un accès privilégié à un marché de 1,4 milliard d’habitants. Cette proximité permet aussi à la France de développer d’autres partenariats dans le nucléaire civil, les infrastructures ou la cybersécurité.

Enfin, elle consolide son image d’acteur indépendant, capable de vendre des armes tout en gardant une certaine autonomie diplomatique, contrairement aux États-Unis ou à la Russie, dont les engagements sont plus polarisés.

Un équilibre délicat à maintenir

Mais cette stratégie comporte aussi des risques. En soutenant militairement l’Inde, la France risque de renforcer les tensions avec le Pakistan, voire avec la Chine, qui soutient Islamabad dans ce dossier. Elle doit éviter d’être perçue comme complice d’un acteur dans un conflit régional où les enjeux religieux, politiques et militaires sont très sensibles.

Par ailleurs, la prolifération des armements dans cette zone augmente le risque d’escalade. Plus les deux pays s’équipent, plus le seuil d’intervention peut baisser, notamment en cas d’incident frontalier ou d’attaque terroriste.