Fatigué, mais pas encore prêt à tirer un trait définitif sur la vie active ? Pour de nombreux Français de 60 ans et plus, la retraite progressive s’impose comme une alternative idéale. Et pourtant, ce dispositif reste encore largement sous-utilisé. Permettant de combiner un emploi à temps partiel et une fraction de pension de retraite, cette solution méconnue offre la possibilité de ralentir sans s’effondrer financièrement. Entre équilibre de vie retrouvé, transition en douceur et continuité des cotisations, le système a de quoi séduire. Encore faut-il connaître ses droits.

Le seul moyen de partir à la retraite plus tôt sans perdre d’argent.
À lire aussi :
Taxer les retraités pour augmenter le salaire des actifs : une idée qui progresse
Un dispositif méconnu… mais parfaitement légal
Créée dans les années 1980, la retraite progressive a longtemps été perçue comme un outil marginal, réservé à quelques cas particuliers. Depuis la réforme des retraites de 2023, son intérêt est pourtant relancé, notamment chez ceux qui redoutent les effets de l’allongement de la durée de cotisation.
Concrètement, il est possible de réduire son temps de travail entre 40 % et 80 % d’un temps plein, tout en percevant une partie de sa retraite. Le montant de la pension partielle versée dépendra du taux d’activité choisi. Par exemple, à 60 % de temps de travail, vous percevrez 40 % de votre pension et 60 % de votre salaire habituel.
Qui peut en bénéficier ?
Contrairement aux idées reçues, ce droit n’est pas réservé aux cadres ou aux fonctionnaires. Il concerne :
- Les salariés du privé (sous contrat à temps partiel ou à temps complet converti)
- Les indépendants (commerçants, artisans, professions libérales)
- Et depuis peu, certains fonctionnaires, sous conditions
Les conditions d’éligibilité sont relativement simples :
- avoir 60 ans révolus au moment de la demande
- avoir validé au moins 150 trimestres d’assurance retraite tous régimes confondus
- disposer d’un contrat de travail à temps partiel entre 40 % et 80 % d’un temps complet
Des témoignages éloquents
« J’ai toujours adoré mon métier de documentaliste, mais à 60 ans, la fatigue se faisait sentir », raconte Hélène, 61 ans, de Saint-Brieuc. « Mon mari avait lu un article sur la retraite progressive. J’ai demandé à mon employeur un temps partiel et contacté la Carsat. Résultat : je travaille 3 jours par semaine, et je touche en plus près de 600 euros de retraite. Ça change tout. »
Jean-Pierre, 62 ans, agent d’entretien dans une école, témoigne lui aussi : « J’ai commencé à 18 ans, j’avais cotisé mes trimestres. J’en avais marre du rythme, des douleurs aux genoux. Grâce à la retraite progressive, je tiens encore deux ans avant la retraite complète. Sans elle, j’aurais craqué. »
Comment faire la demande ?
La procédure nécessite quelques démarches administratives, mais rien d’insurmontable. Voici les étapes à suivre :
- Faire une demande à son employeur pour obtenir un contrat à temps partiel, avec horaires définis.
- Remplir le formulaire de demande de retraite progressive auprès de sa caisse de retraite principale.
- Joindre les justificatifs nécessaires (relevés de carrière, contrat de travail à jour, planning horaire).
- Attendre la validation du dossier par la caisse.
💡 Important : la pension versée est calculée sur la base des droits acquis à la date de la demande. Cela signifie que plus vous avez cotisé, plus la pension partielle sera confortable.
Et après ? Une retraite complète recalculée
Autre avantage peu connu : la période en retraite progressive continue à générer des droits. Vous cotisez donc toujours, ce qui permettra, au moment du passage en retraite complète, une revalorisation automatique de votre pension. C’est un vrai plus, surtout pour ceux qui hésitent entre continuer à temps plein ou arrêter d’un coup.
À lire aussi :
« C’est un mal nécessaire pour ne pas se retrouver sous la tutelle du FMI » : pourquoi la baisse des retraites est inévitable
« En deux ans de retraite progressive, j’ai amélioré ma future pension de 75 € par mois », explique Denis, 63 ans. « Je n’y croyais pas au début, mais les chiffres sont là. »
Un compromis gagnant-gagnant
Dans une société marquée par le report de l’âge de départ, la retraite progressive offre un pont entre deux mondes : celui du travail et celui de la retraite. Sans perte brutale de revenus, sans choc psychologique, sans isolement. Elle permet d’adapter le rythme de vie à ses capacités réelles, tout en préparant l’après.
À lire aussi :
Manifestation du jeudi 19 janvier : Toute la France paralysée ?
Et si elle reste encore trop méconnue, c’est peut-être parce que l’administration communique peu dessus. Ou parce que les entreprises ne savent pas toujours comment l’appliquer. Mais pour les salariés proches de la soixantaine, elle mérite d’être examinée de près. Car entre pression constante et fin de carrière trop abrupte, il existe une voie médiane. 🌿