La remise de la Légion d’honneur à l’humoriste et chroniqueuse Sofia Aram provoque une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans une partie de l’opinion publique. Jugée “imméritée” ou “politisée” par certains, la distinction qui sera attribuée ce 13 juillet a relancé le débat récurrent sur le sens et la légitimité de cette décoration nationale.
Une distinction saluée par certains, contestée par d’autres
L’annonce est parue au Journal Officiel le 11 juillet : Sofia Aram a été nommée chevalier de la Légion d’honneur, dans la promotion civile de juillet 2025. L’Élysée évoque “un engagement constant dans le débat public”, “un travail artistique reconnu”, et “la défense des valeurs républicaines”. Mais dès les premières heures, les critiques ont afflué.
“Elle insulte la moitié des Français chaque semaine sur France Inter”, commente un internaute sur X. “Qu’on aime ou pas, c’est une militante, pas une figure d’union nationale.” D’autres dénoncent une instrumentalisation politique : “C’est le gouvernement qui récompense ses amis. C’est une provocation.”
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À l’inverse, ses soutiens saluent un engagement “courageux face à la montée de l’islamisme”. Un autre rappelle que “la liberté d’expression, même mordante, est essentielle en démocratie”.
Témoignage : “Je me suis sentie humiliée en entendant son discours”
Fatima, 42 ans, habitante de Clermont-Ferrand, ne décolère pas. “J’écoute la radio tous les matins. Je comprends qu’on puisse critiquer, mais ce qu’elle dit est souvent méprisant, condescendant. Quand elle parle des musulmans, c’est comme si elle crachait sur des millions de gens. Et maintenant on l’honore avec une médaille ? C’est une gifle.”
Comme elle, de nombreux Français disent ne plus comprendre le sens de la Légion d’honneur. “Il y a des soignants, des bénévoles, des enseignants qui se dévouent dans l’ombre. Et on décore une humoriste qui divise. Où est le mérite ?”
À quoi sert la Légion d’honneur aujourd’hui ?
Créée par Napoléon Bonaparte en 1802, la Légion d’honneur distingue les “mérites éminents” au service de la nation. Chaque année, deux promotions (janvier et juillet) décorent environ 3 000 personnes. Parmi elles, beaucoup d’anonymes, mais aussi des personnalités connues : artistes, chercheurs, militaires, journalistes.
Pour être décoré, il faut être proposé par un ministère, une institution ou une personnalité qualifiée. La grande chancellerie vérifie ensuite que les conditions sont remplies : au moins 20 ans d’activité, aucun antécédent judiciaire, et un apport significatif dans son domaine.
“C’est une reconnaissance de carrière, pas une approbation de chaque mot ou prise de position”, précise un haut fonctionnaire de l’ordre. “Mais forcément, dans les cas très médiatiques, l’opinion réagit.”
Une polémique qui s’ajoute à d’autres
Sofia Aram n’est pas la première à susciter la controverse en recevant cette décoration. En 2016, la légion remise à Jean-Vincent Placé avait fait grincer des dents. Plus récemment, les décorations accordées à des PDG ou à des personnalités polémiques ont été dénoncées comme “des récompenses entre élites”.
Pour Léa, 27 ans, étudiante à Montpellier, la polémique est révélatrice d’un malaise plus large. “Les gens ont l’impression que les décorations ne sont plus pour les héros discrets, mais pour ceux qui parlent fort. Ça crée un sentiment d’injustice.”
Une distinction qui ne fait pas l’unanimité
Dans un contexte politique tendu, où les fractures idéologiques sont très marquées, la moindre reconnaissance officielle devient un symbole. La remise de la Légion d’honneur à Sofia Aram s’inscrit dans cette dynamique : pour les uns, un geste républicain ; pour les autres, une provocation de plus.
La principale intéressée, de son côté, n’a pas encore réagi publiquement. Mais sur les réseaux, ses proches saluent “la constance d’une voix libre et engagée”. Un mot qui, à lui seul, résume bien la fracture que cette médaille vient illustrer.