Un simple arrêt à un feu rouge, le pied sur le frein, et pourtant… un flash. Depuis plusieurs semaines, de nombreux automobilistes rapportent avoir été pris en photo alors qu’ils étaient à l’arrêt. En cause : un dispositif encore méconnu mais désormais actif dans plusieurs villes françaises. Ce système intelligent, présenté comme une avancée sécuritaire, soulève de nombreuses questions, et surtout, une profonde inquiétude chez les conducteurs.
Un nouveau dispositif qui ne pardonne rien
Il s’agit d’un **système de caméras dites “multifonctions”**, capable de détecter en temps réel un large éventail d’infractions, y compris **l’usage du téléphone au volant, le non-port de la ceinture**, ou encore **l’absence d’assurance**. Contrairement aux radars traditionnels, qui mesurent la vitesse ou le franchissement d’un feu rouge, ces caméras surveillent **visuellement l’intérieur de l’habitacle**, même si le véhicule est à l’arrêt.
« Ce qui dérange, c’est qu’on peut être verbalisé alors qu’on ne roule même pas », témoigne Laurent, 52 ans, chauffeur de taxi à Montpellier. « J’étais à un feu, j’ai regardé mon téléphone posé sur le siège. Quelques jours plus tard, j’ai reçu une amende de 135 euros. J’ai halluciné. »
Une technologie venue d’Australie et d’Espagne
Inspiré de dispositifs déjà utilisés à Sydney ou à Madrid, ce système baptisé ** »Urban Shield »** est en cours de test dans plusieurs métropoles françaises, notamment à Lyon, Toulouse et Marseille. Il repose sur un jeu de caméras haute définition, couplées à une intelligence artificielle capable d’identifier des gestes interdits au volant.
« Ce sont des caméras à reconnaissance comportementale », explique un **spécialiste en sécurité routière** qui préfère garder l’anonymat. « Elles ne captent pas la vitesse, mais les postures, les mouvements de la tête, les objets tenus à la main. Même si vous êtes arrêté, si vous tenez un téléphone ou que vous détachez votre ceinture, cela peut être considéré comme une infraction. »
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Des premières amendes dès cet été
Selon la préfecture du Rhône, **plus de 2 700 amendes ont déjà été envoyées en juin et juillet**, uniquement sur la base de ces nouveaux dispositifs. Le ministère de l’Intérieur parle d’un projet « pilote » avant généralisation dans d’autres agglomérations à partir de 2026.
Élodie, 28 ans, livreuse auto-entrepreneuse à Toulouse, a reçu une contravention en juillet : « J’avais détaché ma ceinture à un feu pour attraper un colis. Flash. C’est très intrusif, surtout quand on travaille sur la route. »
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Une légalité contestée par des associations
Du côté des usagers, les critiques fusent. L’association **“40 millions d’automobilistes”** a saisi la CNIL pour dénoncer une atteinte à la vie privée. « On franchit une ligne rouge. Ce n’est plus de la sécurité, c’est de la surveillance de masse », s’indigne l’un de ses porte-parole. Le Conseil d’État a été saisi pour trancher la légalité du dispositif, encore floue.
Le gouvernement, lui, défend le système. Selon un document interne au ministère de la Transition écologique, **ces caméras permettent de verbaliser plus efficacement les comportements dangereux**, notamment l’utilisation du smartphone, cause de près de 10 % des accidents mortels sur la route.
Comment ne pas se faire flasher à l’arrêt ?
Le ministère conseille de **ne jamais manipuler de téléphone, même moteur coupé mais véhicule sur la voie publique**, et de **conserver la ceinture jusqu’au stationnement complet**. Car la subtilité réside là : tant que le véhicule n’est pas garé hors circulation, toutes les règles du Code de la route continuent de s’appliquer.
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« Je pensais qu’à l’arrêt, on pouvait souffler un peu », regrette Mehdi, 34 ans, salarié en horaires décalés. « Mais maintenant, même une pause au feu devient risquée. »
Dans les mois à venir, d’autres grandes villes comme Lille, Bordeaux et Nantes pourraient à leur tour s’équiper de ces dispositifs, dans le cadre d’un plan national de modernisation de la sécurité routière. Une généralisation qui pourrait transformer durablement la relation des Français à leur volant… et à leur vie privée.
