Thomas Guenolé veut détruire l’extrême-droite avec son émission Uppercut TV

Dans un paysage médiatique saturé de polémiques, de désinformation et de banalisation des idées d’extrême droite, Thomas Guénolé passe à l’offensive. Le politologue et essayiste lance UPPERCUT TV. Dans son premier épisode, il s'en prend notamment à Pascal Praud, le présentateur phare de la chaîne Cnews.

Thomas Guénolé, politologue, essayiste et figure engagée de la gauche française, revient sur le devant de la scène médiatique avec un nouveau projet ambitieux : UPPERCUT TV, une émission hebdomadaire diffusée sur YouTube et Tiktok. Elle est dédiée à la lutte contre la propagande de l’extrême droite. Le premier épisode, mis en ligne début mai 2025, annonce clairement la couleur : décortiquer, déconstruire, et surtout ne rien laisser passer.

Ce programme n’est pas qu’un coup de gueule de plus sur internet. C’est une offensive construite, pensée, articulée autour d’un objectif clair : combattre la manipulation idéologique et la banalisation des idées d’extrême droite dans les médias et les réseaux sociaux. En assumant un ton incisif, l’ancien chroniqueur de TPMP cherche à répondre coup pour coup à ce qu’il considère comme une dérive inquiétante du débat public français.

Une émission qui ne mâche pas ses mots

Chaque semaine, UPPERCUT TV (à retrouver ici) propose une analyse détaillée d’un discours, d’un extrait d’émission, d’une déclaration politique ou d’un contenu viral, pour en démonter les rouages. L’idée est simple : exposer les sophismes, repérer les fausses causalités, les approximations statistiques, les récupérations historiques douteuses, bref, mettre en lumière les ficelles de la rhétorique de l’extrême droite.

Le ton est volontairement direct, parfois moqueur, mais toujours argumenté. Pas question ici de tomber dans l’invective gratuite. Guénolé, formé aux sciences politiques et à la rhétorique, mise sur une approche pédagogique. Il parle vite, mais explique clairement. Il vulgarise sans infantiliser. Il traite son audience en adulte, mais sans compromis.

Une réponse à l’omniprésence médiatique de l’extrême droite

Le politologue part d’un constat : l’extrême droite occupe désormais une place centrale dans le débat public. Pas une semaine sans qu’un débat ne soit pollué par ses obsessions : immigration, insécurité, identité nationale, islam. Le problème, selon lui, ce n’est pas qu’elle existe – c’est qu’on la laisse imposer l’agenda, souvent sans contradiction réelle.

C’est là qu’UPPERCUT TV intervient. Pour Thomas Guénolé, les réponses institutionnelles sont trop timides, et les partis progressistes sont souvent à la traîne sur le terrain médiatique. Il fallait donc une réponse frontale, indépendante, qui ne cherche pas à « faire bonne figure » sur un plateau, mais à délivrer une contre-offensive idéologique solide et accessible.

Une stratégie numérique assumée

UPPERCUT TV est pensé pour le web. Le format est dynamique, court (15 à 20 minutes), idéal pour les réseaux sociaux. Chaque épisode est découpé en séquences, accompagné de sous-titres, d’extraits visuels, et parfois de mèmes pour accentuer l’ironie. Guénolé veut parler à la jeunesse, cette tranche d’âge surexposée aux contenus de l’extrême droite sur TikTok, YouTube ou X (ex-Twitter).

Mais le fond reste sérieux. L’émission cite des études, des sources fiables, confronte les idées, démontre les incohérences. Elle ne s’adresse pas uniquement aux convaincus, mais à ceux qui doutent, qui s’interrogent, qui cherchent des outils pour répondre aux arguments souvent martelés sur les réseaux ou dans les repas de famille.

Une initiative qui divise

Depuis le lancement du premier épisode, les réactions sont vives. Les soutiens applaudissent une initiative « courageuse », « indispensable », « nécessaire ». Beaucoup saluent le fait qu’enfin, quelqu’un « rentre dans le tas » sans craindre d’être accusé d’angélisme ou de mollesse.

D’autres, en revanche, y voient une source de division supplémentaire dans un climat politique déjà polarisé. Certains accusent Guénolé de créer un contre-populisme, voire de tomber dans la caricature inverse. Mais lui assume : « Quand une idéologie prône la haine, il ne s’agit pas de compromis, il s’agit de résistance. »

Et après ?

UPPERCUT TV n’en est qu’à ses débuts. Mais si le rythme est tenu, si la qualité reste constante, si l’audience suit, cela pourrait bien devenir un rendez-vous régulier pour tous ceux qui veulent comprendre et contrer les discours toxiques.

L’émission s’inscrit dans une tendance plus large de réappropriation de l’espace médiatique par des voix alternatives, progressistes, déconnectées des grands médias traditionnels. C’est un pari risqué, mais à l’heure où la parole haineuse devient banale, c’est aussi peut-être le moment d’oser boxer fort.