« Je croyais avoir tout payé » : cette automobiliste reçoit une amende majorée… pour un stationnement datant de 2022

Deux ans après s’être garée en centre-ville, Léa a reçu une amende majorée de 135 €. Un choc pour cette jeune salariée, persuadée d’avoir payé sa place via une application mobile. Ce type de mésaventure, de plus en plus courant, soulève la question de la fiabilité des systèmes de stationnement numériques.

Un PV inattendu qui tombe sans explication

“Je n’ai rien vu venir”, raconte Léa, 32 ans, assistante dentaire à Angers. “Je reçois une lettre en recommandé, et là, je vois qu’on me réclame 135 euros pour une infraction de stationnement remontant à mars 2022. Je n’ai jamais été informée, ni de la contravention initiale, ni d’une quelconque relance. On est en 2025 quand même…”

Le motif ? Stationnement non payé en zone verte pendant 2 heures. Pourtant, Léa affirme avoir utilisé son application mobile habituelle ce jour-là. “Je n’ai plus la preuve, car je change de téléphone tous les deux ans, mais je suis presque sûre d’avoir payé.”

Les zones grises du paiement dématérialisé

Depuis quelques années, de nombreuses villes ont basculé vers des systèmes de stationnement 100 % numériques. Finis les tickets papier : les automobilistes doivent entrer leur plaque d’immatriculation dans un horodateur ou sur une appli mobile comme Flowbird, EasyPark, ou PayByPhone. Une simplicité… qui peut aussi jouer des tours.

“On ne s’en rend pas toujours compte, mais une faute de frappe sur la plaque, ou un bug au moment du paiement, suffit à invalider la session”, explique Camille Laurent, chargée de mission mobilité à la mairie de Tours. “Or les agents contrôlent uniquement les plaques. Pas de ticket, pas de discussion.”

Dans le cas de Léa, impossible de savoir si une erreur de saisie est en cause. “Je n’ai pas reçu de mail de confirmation, et je ne me suis pas inquiétée, puisque je pensais avoir payé comme d’habitude.”

Témoignage : “On se sent impuissant face à une machine”

Autre point de tension : le délai de notification. Beaucoup de contrevenants disent n’avoir jamais reçu le premier avis de paiement. Résultat : l’amende forfaitaire passe au stade “majoré” sans que la personne ait eu la moindre chance de régulariser.

Julien, 41 ans, agent immobilier à Strasbourg, a reçu trois amendes majorées en 2023. “À chaque fois, je n’ai jamais vu passer l’amende initiale. Je soupçonne que certaines lettres ne sont jamais envoyées, ou qu’elles se perdent.” Il a déposé une réclamation, sans succès. “Ils m’ont dit que le délai était expiré, point. Même pas possible de prouver ma bonne foi.”

Comment éviter les mauvaises surprises ?

Pour éviter ce type de désagrément, quelques réflexes peuvent faire la différence :

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  • Conserver les confirmations de paiement, par mail ou capture d’écran, pendant au moins deux ans ;
  • Vérifier que votre plaque est correctement enregistrée dans votre application mobile ;
  • Mettre à jour vos coordonnées postales dans le système d’immatriculation (ANTS), en cas de déménagement ;
  • Consulter régulièrement vos éventuelles amendes via le site amendes.gouv.fr avec votre plaque ou votre numéro de contravention ;
  • En cas de doute, déposer une contestation dans les délais légaux (sous 3 mois pour un forfait de post-stationnement).

Une évolution vers plus de transparence ?

Face à la multiplication de ces litiges, certaines villes comme Lyon ou Bordeaux envisagent de mettre en place des notifications par SMS ou e-mail dès qu’un agent verbalise un véhicule. “Cela permettrait de réagir vite et d’éviter les majorations automatiques”, note Camille Laurent.

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Pour Léa, il est trop tard : elle a dû payer les 135 euros. “Je n’avais aucune preuve, donc j’ai lâché l’affaire. Mais franchement, je trouve ça injuste. On nous pousse vers le numérique, mais quand ça plante, on est seuls.”

Un constat partagé par de plus en plus d’usagers, pour qui le passage au “tout digital” ne garantit pas toujours la simplicité promise. Et surtout, pas la justice.

Guillaume Her

Rédigé par Guillaume Her

Passionné par l’édition web et les découvertes.

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